La chute de plus de 10% du marché boursier japonais ce lundi indique que des choses extraordinaires sont en train de se produire. L’équilibre subtil qui assurait le calme récemment a pour le moins été perturbé.
L’impact majeur que peuvent avoir de petites interventions sur les marchés financiers est apparu à nouveau clairement ces derniers jours.
La semaine dernière, la Banque centrale du Japon a relevé ses taux d’intérêt en une fois de 0%-0,1% à 0,25%.
En mars, elle avait déjà signé la fin des taux d’intérêt négatifs en relevant ses taux de 0,1%. En soi, pour la bonne raison que le Japon est sorti de la spirale déflationniste. Par ailleurs, la Banque centrale du Japon limitera considérablement ses achats d’obligations d’État, ce qui entraînera une hausse supplémentaire des taux d’intérêt.
Comme les taux d’intérêt aux États-Unis, en Europe, mais aussi en Australie et dans d’autres parties du monde ont considérablement augmenté ces dernières années, cette situation a créé une « opportunité » pour un certain groupe d’investisseurs.
Ceux-ci ont emprunté gratuitement en yens japonais et ont converti le yen en une monnaie sur laquelle des taux d’intérêt beaucoup plus élevés pouvaient être perçus. Dans le jargon, cela s’appelle un « carry trade ». En raison de la politique de la Banque centrale japonaise, le yen était une monnaie faible qui perdait presque constamment de la valeur par rapport aux monnaies plus fortes du monde, ce qui augmentait encore les profits de ce groupe de spéculateurs.
La dernière hausse de taux et la perspective de nouvelles hausses, combinées à la réduction des achats d’obligations, ont entraîné une hausse du yen, qui s’est apprécié de plus de 6% depuis son niveau le plus bas du 9 juillet.
Les gains faciles liés à l’affaiblissement du yen se sont transformés en pertes sévères, ce qui a rapidement asséché les garanties associées à ces transactions. Ceux qui ne peuvent pas apporter de garanties supplémentaires sont contraints de clôturer leurs positions à la fin de la journée, ce qui accroît les pertes et, le lendemain, un nouveau groupe d’investisseurs travaillant avec de l’argent emprunté font face à ces mêmes ennuis. La principale conséquence est que l’indice VIX, qui représente la volatilité implicite des options, a grimpé à 40 points, un niveau qui indique des turbulences sur les marchés financiers.
De plus, les taux d’intérêt aux États-Unis et en Europe sont sous pression en raison des données économiques décevantes de ces dernières semaines. La confiance des entreprises, les chiffres de l’emploi, les ventes au détail, la production industrielle : tous ces chiffres pourraient être perturbés de manière imminente. En arrière-plan, les restrictions commerciales croissantes entre la Chine, d’une part, et les États-Unis et l’Europe, d’autre part, ainsi que les tensions au Moyen-Orient, inquiètent aussi les investisseurs.
En tout cas, la faiblesse de l’économie accroît la pression sur les banques centrales pour qu’elles réduisent les taux d’intérêt. Ces dernières ont longtemps attendu avant de les abaisser, simplement parce que l’inflation est plus faible. En principe, leur intervention vise à ramener le calme sur les marchés interbancaires lorsque c’est nécessaire.
La situation a beaucoup évolué à ce niveau ces derniers jours. Les actions bancaires, ainsi que les grands gagnants de ces dernières années, figurent parmi les plus grandes pertes. Les craintes d’un blocage du marché interbancaire et d’une augmentation des pertes de crédit potentielles en cas de ralentissement de la croissance ou de récession expliquent cette situation.
Si la nervosité se poursuit dans les prochains jours, il n’est pas exclu que les banquiers centraux annoncent une série de réductions des taux d’intérêt.
Marchés
Les marchés obligataires sont les grands gagnants de la situation actuelle. Les finances publiques en difficulté n’ont pas pu empêcher une baisse rapide des rendements des obligations d’État américaines et européennes à 10 ans.
L’écart de taux d’intérêt avec les obligations d’entreprise s’est légèrement creusé, mais les revenus d’intérêt compensent largement ce phénomène pour l’instant.
Sur les marchés d’actions, en particulier, nous constatons que certains grands noms de ces dernières années ont perdu de leur avance. Les secteurs plus traditionnels tels que ceux des biens de consommation non durables, de la santé et des services publics résistent mieux, bien qu’à peu près tout est bouleversé dans un mouvement de vente comme celui qui est en cours. La hausse de l’indice VIX indique une accumulation de tensions (dont on peut toujours dire rétrospectivement qu’elles se sont apaisées et ont constitué une opportunité d’achat). La saison de résultats n’a pas apporté le soutien nécessaire. Le cours de nombreuses actions a baissé après la publication des résultats trimestriels.
Les cryptomonnaies, qui ont atteint des sommets dans le cadre de l’engouement pour l’intelligence artificielle, sont entraînées à la baisse. Elles restent des actifs non réglementés en arrière-plan.
Conclusion
C’est une bonne chose qu’une opération spéculative comme le carry trade entre le yen japonais et d’autres monnaies soit en train de s’arrêter. Cela a donné l’impression à une série d’investisseurs qu’il y avait un « free lunch » à prendre. Il s’agit maintenant de veiller à ce que son règlement se fasse de manière ordonnée. Étant donné que le règlement entraîne une réduction des liquidités sur le marché, les banquiers centraux sont mis sous pression de combler le vide. En effet, le règlement a le même effet qu’une hausse des taux d’intérêt.
La récession annoncée ne s’est pas concrétisée pendant près de deux ans, mais elle semble maintenant à nos portes.
Ce sont surtout les actions des entreprises faibles qui seront les plus impactées. Une normalisation des valorisations des actions les plus populaires de ces dernières années ne peut pas non plus être exclue. Une grande partie des marchés d’actions ont bien réagi à la hausse des taux d’intérêt au cours des dernières années.
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