En août, les marchés boursiers ont brièvement mis de côté leurs nouvelles ambitions de juillet
d’atteindre de nouveaux cours records. En effet, les grands indices boursiers ont chuté de quelque 5% au cours des premières semaines du mois d’août, avant de se redresser durant les derniers jours des vacances d’été. L’indice américain S&P 500 a ainsi enregistré une baisse boursière plutôt modeste de 1,77%, tandis que l’indice européen Stoxx 600 a clôturé en baisse de 2,69%. L’approche « basée sur les données », que les banquiers centraux ont tous mise en avant en juillet, a contraint les marchés financiers à surveiller très attentivement les signaux de fixation des taux d’intérêt, qui n’ont pas manqué. Par exemple, l’agence de notation Fitch a soudainement dégradé la note de crédit des États-Unis, qui est passée de la meilleure note (AAA) à la deuxième meilleure note (AA+). Un soubresaut tardif en réaction à la débâcle du plafond de la dette qui a eu lieu au Congrès américain quelques semaines auparavant. En outre, l’indice européen des directeurs d’achat (PMI) a chuté plus fortement que prévu à 47 en août. Un chiffre inférieur à 50 indique un ralentissement de l’activité économique. Aux États-Unis aussi, la dernière mesure s’élevait à 50,4, soit nettement moins que prévu, même si le secteur des services américain peut toujours compenser pour le moment, de justesse, l’impasse du secteur manufacturier. En outre, des nouvelles inquiétantes se sont succédé sur
l’état de l’économie chinoise: principalement, la baisse spectaculaire des exportations (-14,5% en glissement annuel) et des importations chinoises (-12,4% en glissement annuel). Outre la crise immobilière en Chine, qui y est synonyme d’une crise de l’épargne, les consommateurs chinois ont
également été découragés par un taux de chômage des jeunes hors de contrôle de 21,3%. Les emplois
pour lesquels les jeunes Chinois ont été formés ces dernières années ont tout simplement disparu, en partie à cause de l’ingérence stricte du gouvernement dans le secteur privé, qui a fait fuir une part importante des investissements étrangers. Il reste à voir dans quelle mesure le président Xi parviendra à inverser rapidement la tendance. Une chose est sûre: plus le problème s’aggravera, moins nous serons informés. Par exemple, le taux de chômage des jeunes ne sera désormais plus publié.
Sur la base de ces informations, de nombreux économistes attendaient avec impatience ce que Mr Powell et Mme Lagarde, respectivement président de la Fed et présidente de la BCE, allaient dire depuis Jackson Hole, une vallée reculée de l’État américain du Wyoming. Depuis 1982, des banquiers centraux et d’éminents économistes s’y réunissent chaque année pour échanger leurs points de vue
sur la politique économique.
Le lieu, quelque peu inhabituel, a été délibérément choisi dans les années 1980 pour convaincre Paul Volcker, alors président de la Fed, de participer au symposium. C’est en effet un endroit idéal pour la pêche à la mouche, une passion de Volcker. Comme les banquiers centraux d’aujourd’hui, Volcker a dû faire face à une inflation galopante pendant son mandat. Il a relevé les taux d’intérêt à un niveau sans précédent de plus de 20% (!) malgré une forte réaction politique, ce qui a entraîné l’économie dans la récession, provoqué une forte hausse du chômage et, par conséquent, une forte baisse de l’inflation. Selon Volcker, il était primordial d’éviter qu’une inflation élevée ne s’installe dans l’esprit des consommateurs, de sorte que l’inflation deviendrait une prophétie auto-réalisatrice. Powell et Lagarde continuent donc d’insister aujourd’hui sur le fait que, tant que l’inflation de base restera trop élevée, ils prendront les mesures (monétaires) appropriées et que, par conséquent, l’inflation élevée sera de nature transitoire.
Par ailleurs, les banquiers centraux soulignent que les taux d’intérêt pourraient rester élevés plus longtemps que prévu. Il n’est donc pas étonnant que les taux d’intérêt à long terme aient atteint de nouveaux sommets en août. Le taux américain à 10 ans a ainsi atteint un niveau record depuis 15 ans: 4,34%. Les chiffres de l’inflation de base européenne et américaine publiés le dernier jour du mois, respectivement de 5,3% et 4,2%, ne donnent toujours pas aux banquiers centraux de raisons de se réjouir. Les marchés s’attendent actuellement à une pause des relèvements de taux d’intérêt en septembre, du moins aux États-Unis. En Europe, les avis sont partagés et restent plutôt attentistes.
Pause des taux d’intérêt ou non, tant que l’inflation de base ne sera pas maîtrisée, de nouveaux relèvements des taux d’intérêt resteront nécessaires, même s’ils conduisent à un atterrissage économique (plus) difficile. Mieux vaut quelques relèvements de taux d’intérêt aujourd’hui qu’une thérapie de choc volckerienne plus tard.
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