Les turbulences dans le secteur bancaire redonnent l’espoir d’une pause dans la hausse des taux d’intérêt

31 mai 2023

Les banques centrales continuent généralement de relever les taux d’intérêt jusqu’à ce que cela pose problème dans l’économie, c’est la sagesse de nombreux économistes. Ce point semblait avoir été atteint en mars, avec la faillite de la Signature Bank axée sur les cryptomonnaies, la disparition du prêteur aux entreprises tech Silicon Valley Bank et le rachat orchestré par le gouvernement suisse du Crédit Suisse, accablé par les scandales, par UBS, son voisin de la Paradeplatz.

Par rapport à la vitesse à laquelle les banques susmentionnées se sont effondrées, le domino de l’US First Republic Bank américaine a continué à vaciller pendant le mois de Pâques avant de tomber
finalement entre les mains de JPMorgan Chase. La plus grande banque des États-Unis a ainsi de
nouveau souligné son statut de « too big to fail » (trop grande pour faire faillite) et a clairement
relancé le débat sur les risques liés aux banques systémiques depuis la crise financière de 2008.

Les turbulences dans le secteur bancaire ne semblent donc pas terminées pour l’instant. Même si les récentes faillites bancaires peuvent être attribuées à des risques et à des circonstances uniques, il reste à voir dans quelle mesure le sentiment concernant principalement les petites banques régionales reste sous contrôle et si le transfert des dépôts vers les grandes banques ne déraille pas. L’intervention rapide des autorités, visant à éviter une nouvelle contagion financière et une potentielle pandémie bancaire, n’est donc pas surprenante.

Les banques elles-mêmes pourraient aussi retenir leur souffle pendant un certain temps dans ce climat d’incertitude, ce qui pourrait entraîner un resserrement des conditions de crédit et donc un ralentissement de la croissance économique. Les banques assument donc en partie le travail des banques centrales, qui tentent elles-mêmes de freiner l’économie et de juguler l’inflation en relevant les taux d’intérêt.

Une pause dans les relèvements de taux d’intérêt est donc à nouveau légèrement plus probable,
tout comme la probabilité d’une (légère) récession. À la fin du mois d’avril, les taux américains à 10 ans étaient inférieurs de plus d’un demi-point de pourcentage par rapport à début mars (3,45%),
tandis que les rendements des obligations dÉtat allemandes ont également baissé de 40 points de base pour atteindre 2,32%. Les marchés boursiers ont ainsi eu suffisamment d’oxygène pour terminer le mois d’avril sur une note positive. Le STOXX Europe 600 a progressé de 1,92% tandis que le S&P 500 a rebondi de 1,46%.

L’indice du dollar est resté pratiquement stable, mais la devise s’est légèrement affaiblie par rapport à l’euro. Cependant, les performances des baromètres boursiers ne sont pas largement soutenues. Elles sont principalement soutenues de manière sous-jacente par les grands acteurs technologiques comme Microsoft, Apple, Amazon et consorts. Elles bénéficient, entre autres, de la baisse des taux d’intérêt, de résultats trimestriels meilleurs que prévu, d’une dépendance limitée au financement bancaire et d’un sentiment boursier positif à l’égard de l’intelligence artificielle.

Les présidents de banque centrale Powell et Lagarde sont confrontés à un difficile exercice d’équilibre. L’inflation de base est bien supérieure à l’objectif de 2% tant aux États-Unis qu’en Europe, tandis que le chômage se situe à des niveaux historiquement bas. 

Le terrain mouvant sur lequel les banques trouvent sera sans doute surveillé par les sismographes de la Fed et de la BCE, ce qui pourrait conduire à une plus grande prudence de la part des banques centrales. Tant que la stabilité des prix n’est pas atteinte, le resserrement monétaire risque d’être insuffisant.

Selon toute vraisemblance, les banques centrales européenne et américaine procéderont cette semaine à un relèvement de 25 points de base de leurs taux d’intérêt. Les marchés examineront avec grand intérêt les commentaires de M. Powell et de Mme Lagarde afin d’identifier les futures intentions politiques.

Lisez ici le The Markets de mai 2023.

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