Comme attendu, la Banque centrale européenne (BCE) a ralenti le rythme de ses relèvements de taux: elle n’a relevé le taux directeur européen que de 25 points de base, à 3,25%, au début du mois
de mai. La BCE est ainsi repassée à la même vitesse que la Réserve fédérale (Fed), qui a relevé le taux directeur américain dans une fourchette de 5% à 5,25%. Depuis 2008, il n’a jamais coûté aussi cher d’emprunter de part et d’autre de l’Atlantique.
Selon une première estimation, l’inflation de base européenne, qui exclut les prix plus volatils de
l’énergie et des denrées alimentaires, est tombée à 5,3% en mai, tandis que le taux d’inflation de base américain atteignait 5,5% pour le mois d’avril.
Même s’ils sont meilleurs que prévu, ces chiffres restent bien supérieurs à l’objectif de 2% fixé par les banquiers centraux.
Par ailleurs, les marchés de l’emploi européen et américain restent très tendus et les directeurs d’achat tablent sur une amélioration de la conjoncture économique, grâce à un secteur des services florissant qui compense largement le ralentissement du secteur manufacturier.
Mme Lagarde a donc clairement déclaré que les taux d’intérêt n’étaient pas encore assez restrictifs et que la BCE n’était pas prête d’arrêter les relèvements pour le moment. Compte tenu des problèmes bancaires de ces derniers mois, M. Powell est devenu un peu plus prudent dans sa formulation et souligne que les relèvements de taux d’intérêt ne produiront leurs effets (souhaités ou non) qu’avec un certain retard. En outre, selon le président de la Réserve fédérale, le risque d’un resserrement monétaire trop important ou trop faible aux niveaux actuels des taux d’intérêt est raisonnablement équilibré. Quoi qu’il en soit, le ralentissement de l’augmentation de la durée de vie laisse donc de nouveau espérer que les banquiers centraux ne devront pas aller aussi loin qu’ils le craignaient initialement.
En plus de l’inflation, des hausses de taux d’intérêt et des craintes de récession qui y sont associées, une partie de poker menteur éprouvante entre démocrates et républicains a créé une tension supplémentaire sur les marchés financiers. En effet, le plafond de la dette américaine qui s’élève à 31.400 milliards de dollars ne suffit plus pour financer les dépenses courantes, que les deux partis, pour être clairs, avaient déjà approuvées par le passé.
Autrement dit, sans un accord sur l’augmentation du plafond de la dette, les États-Unis ne seraient plus en mesure de faire face à toutes leurs obligations financières, y compris le remboursement des obligations d’État américaines contractées sans risque et réparties dans le monde entier. Toutefois,
ce n’est pas la première fois que le plafond de la dette est utilisé comme une arme de négociation
pour imposer les objectifs d’un parti et ce ne sera sans doute pas la dernière. Malgré le fait que les
deux partis ne savent que trop bien que, sans consensus, il n’y aurait que des perdants, la situation s’est envenimée et il a fallu attendre le dernier moment pour trouver enfin un accord.
La pression à la hausse sur les rendements des obligations d’État américaines à long terme, due à
l’incertitude concernant le plafond de la dette, a eu peu d’effet sur le marché plutôt stoïque des actions américaines. L’indice S&P 500 a clôturé le mois avec une légère hausse de 0,25%, principalement grâce à une poignée de mastodontes technologiques comme Microsoft, qui a investi dans ChatGPT, Alphabet, la société mère de Google, et Meta, la holding supervisant Facebook. La
performance la plus médiatisée a sans doute été celle du fabricant de puces graphiques NVIDIA,
dont la valorisation boursière a grimpé de quelque 200 milliards de dollars en une seule journée
après avoir présenté des perspectives enthousiasmantes pour les analystes. En Europe, il n’y a pas
eu un tel soutien de l’IA, de sorte que l’Euro Stoxx 600 a clôturé le mois avec une perte de 3,19%.
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