Secteur des puces - Du vent dans les voiles grâce à l’IA

Il convient de noter que d’autres entreprises technologiques n’ont pas ressenti beaucoup d’impact dans un premier temps. Mais la situation a changé au cours du dernier trimestre. Compte tenu de l’énorme demande de puces d’IA, Nvidia passe des commandes de plus en plus importantes auprès du fabricant de puces le plus avancé au monde, TSMC. Alors que la direction de TSMC était encore modérément enthousiaste quant à l’impact de l’IA au troisième trimestre, elle se montrait déjà plus optimiste au quatrième trimestre. Après une croissance modeste en 2023, TSMC prévoit de retrouver des taux de croissance solides en 2024.

Il en va de même pour ASML: les chiffres de l’acteur technologique néerlandais augmentent progressivement. ASML s’attend à ce que 2025 soit une année de forte croissance. Ce n’est pas une surprise: pour les puces les plus avancées, TSMC s’appuie sur les machines d’ASML. Les effets positifs de l’essor de l’IA s’infiltrent ainsi discrètement dans l’ensemble du secteur des puces.

Bien entendu, Nvidia est en pole position pour bénéficier de la percée de l’IA. La demande de puces dépasse la capacité de production, même si l’écart se réduit progressivement. Selon M. Huang, un nouveau cycle d’investissement a commencé, car la capacité des centres de données doit doubler au cours des cinq prochaines années. Des clients tels que Microsoft, Alphabet, Amazon et Meta – qui représentent environ 40% des ventes de Nvidia – se bousculent pour mettre la main sur ces puces convoitées et cruciales.

Sans surprise, Nvidia a vu son chiffre d’affaires tripler pour atteindre 22,1 milliards de dollars au quatrième trimestre. En fait, la division des centres de données a vu son chiffre d’affaires multiplié par cinq au cours du même trimestre. Ces chiffres stupéfiants suggèrent que la tempête de l’IA n’est pas près de se calmer.

De plus, comme si la demande n’était pas assez forte, M. Huang s’emploie personnellement à convaincre de grandes entreprises et même des gouvernements de mettre en place leurs propres systèmes d’IA. Il a notamment conclu un contrat avec Cisco, dans le but de vendre le plus grand nombre possible de systèmes d’IA dans le monde.

Pourtant, quelques nuages se profilent tranquillement à l’horizon. Les États-Unis tentent de contrecarrer autant que possible la diffusion des technologies de pointe en Chine, craignant qu’elles ne soient utilisées contre eux sur le plan économique, mais aussi sur le plan militaire. Des restrictions à l’exportation limitent la diffusion de l’IA et donc les chiffres de vente de Nvidia. L’entreprise a réduit la puissance de calcul de certaines puces afin qu’elles puissent encore être vendues à la Chine, mais les restrictions sont de plus en plus strictes.

Un problème plus important pour Nvidia est le résultat direct de l’attitude de son président intransigeant. En effet, M. Huang est parfaitement conscient de la position dominante de son entreprise et tente d’en tirer le meilleur parti en repoussant les limites de la tarification, ce qui lui permet de réaliser des bénéfices considérables. Presque tous les grands acteurs de la tech ont donc lancé des recherches pour produire leurs propres puces. AMD et Intel tentent également de suivre Nvidia. La complexité des puces est considérable et l’avance de Nvidia est si importante qu’il sera difficile de lui prendre sa place de leader du marché à court terme. Mais si les autres acteurs continuent sur la même lancée, la concurrence sera plus forte pour Nvidia. Par ailleurs, il est indéniable que le grand enthousiasme des investisseurs a poussé la valorisation de Nvidia à des niveaux sans précédent, augmentant encore le risque à terme.

En résumé, le secteur des puces connaît une période tout à fait passionnante. Les investisseurs doivent, comme toujours, garder les pieds sur terre et faire preuve de prudence lorsqu’ils constituent leurs portefeuilles en fonction de leurs moyens financiers et de leur profil d’investisseur personnel.

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